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Tuesday, December 28, 2010

laurent Gbagbo

Laurent Gbagbo, de son nom complet Laurent Koudou Gbagbo (né le 31 mai 1945 dans un petit village du nom de Mama, près de Gagnoa en Côte d'Ivoire), est un homme d'État ivoirien. Il est président de la République de Côte d'Ivoire depuis le 26 octobre 2000.
En décembre 2010, le Conseil constitutionnel le déclare vainqueur de l'élection présidentielle[1]. Il reçoit le soutien du général Philippe Mangou, commandant de l'armée, et prête serment le 4 décembre 2010, le même jour que son opposant, Alassane Ouattara, déclaré vainqueur de l'élection par la Commission électorale indépendante[1]. La communauté internationale ayant reconnu Alassane Ouattara comme président, la légitimité de Laurent Gbagbo est contestée[1].

Sommaire

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Jeunesse

Famille

Laurent Koudou Gbagbo, originaire de Côte d'Ivoire, est né le 31 mai 1945 dans le village de Mama dans l'ouest du pays. Cette sous-préfecture de Ouragahio, dans le département de Gagnoa, est alors placée sous l'administration coloniale de l'Afrique-Occidentale française.
Il voit le jour au sein d'une famille catholique modeste originaire du grand-ouest ivoirien. Son père Zèpè Paul Koudou Gbagbo est sergent de police[2] et sa mère Marguerite Gado, originaire du village bété de Blouzon, ménagère. Son père est blessé et fait prisonnier par les troupes allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale[3] ; il est décoré à ce titre de la « reconnaissance de la Nation française » le 8 mai 2003[4],[5]. Il est marié à Simone Ehivet avec laquelle il a deux filles.

Formation

Gbagbo débute ses études à l'école primaire publique Plateau, à Agboville, où son père exerce sa profession[6].
Il obtient son baccalauréat de philosophie au lycée classique d'Abidjan à Cocody, en 1965, puis une licence d'histoire à l'université d'Abidjan en 1969. Il devient en 1970 professeur d'histoire au lycée classique d'Abidjan. Chercheur à l'Institut d'histoire, d'art et d'archéologie africaine (IHAAA) à partir de 1974, il est également titulaire d'une maîtrise d'histoire de la Sorbonne. Il soutient enfin, en juin 1979, une thèse de "docteur d'université" (grade qui pouvait être attribué à un étudiant n'ayant pas suivi les cours de DEA indispensables pour soutenir une thèse de "docteur d'Etat") en histoire intitulée Les Ressorts socio-économiques de la politique ivoirienne : 1940-1960[7].

Militant politique

Opposant à Félix Houphouët-Boigny

Membre du Syndicat national de la recherche et de l'enseignement supérieur (SYNARES), ce syndicaliste actif dans les années 1970 est emprisonné à Séguéla et Bouaké de mars 1971 à janvier 1973. Devenu directeur de l'IHAAA en 1980, il se révèle lors des manifestations étudiantes du 9 février 1982, qui provoquent la fermeture des universités et des grandes écoles. C'est durant cette année que naît dans la clandestinité le futur Front populaire ivoirien (FPI).
Parti en exil en France en 1985, il cherche à promouvoir le FPI et son programme de gouvernement visant à lutter contre la dictature du Parti démocratique de Côte d'Ivoire, alors parti unique, à et promouvoir le multipartisme. Idéologiquement proche du Parti socialiste français, il se lie d'amitié avec Guy Labertit, membre du Parti socialiste unifié, du fait de son opposition à Félix Houphouët-Boigny.
Houphouët-Boigny s'inquiète de voir Gbagbo développer un réseau de contacts et trouve que « son remuant opposant serait beaucoup moins encombrant à Abidjan qu'à Paris »[8]. Fortement pressé de rentrer au pays[9], Gbagbo retourne finalement en Côte d'Ivoire le 13 septembre 1988, Houphouët-Boigny ayant implicitement accordé son pardon en déclarant que « l'arbre ne se fâche pas contre l'oiseau »[10]. Devenu secrétaire général du FPI lors du congrès constitutif des 19 et 20 novembre 1988, il se présente à l'élection présidentielle du 28 octobre 1990 qui est marquée par la première candidature face à celle du président Félix Houphouët-Boigny ; Gbagbo remporte 18,3 % des suffrages, ce qui lui confère le statut de leader de l'opposition. Les élections législatives du 25 novembre de la même année sont les premières placées sous le signe du multipartisme ; le FPI y obtient neuf sièges sur 175, Gbagbo lui-même étant élu dans la circonscription de Ouaragahio, où se trouve sa ville natale[11].
En mai 1991 puis en février 1992 ont lieu d'importantes manifestations étudiantes. Le 18 février, le Premier ministre Alassane Ouattara fait arrêter Gbagbo, après avoir fait signer la veille au chef de l'État une loi anti-casseurs[12]. Gbagbo est condamné le 6 mars à deux ans de prison[13] ; il est finalement libéré en août de la même année.

Présidence Bédié

En 1995, Gbagbo appelle au boycott de l'élection présidentielle prévue le 22 octobre, à la suite de la mort du président Houphouët-Boigny, en raison de la réforme du Code électoral. Henri Konan Bédié, président de l'Assemblée nationale et successeur constitutionnel du défunt président, est élu avec 96,44 % des suffrages.
Lors des élections législatives partielles tenues le 30 décembre 1996, Gbagbo est réélu dans sa circonscription, le FPI remportant cinq des huit sièges à repourvoir.
Désigné candidat officiel du FPI lors du troisième congrès du parti, organisé du 9 au 11 juillet 1999, il se présente à l'élection présidentielle du 22 octobre 2000 contre le général Robert Guéï qui a renversé le président Bédié le 24 décembre 1999. Cette élection est marquée par l'élimination par la Cour suprême de plusieurs candidatures, dont celle d'Alassane Ouattara — pour cause de « nationalité douteuse », faux et usage de faux sur la filiation — et de l'ancien président Bédié. Les résultats donnent Gbagbo vainqueur face à Guéï, qui les conteste. Des heurts s'ensuivent[14]. Gbagbo devient président le 26 octobre, Guéï reconnaissant la légitimité de Gbagbo le 13 novembre. Lors des élections législatives du 10 décembre, le FPI apporte à Gbagbo une majorité de 91 sièges, contre 70 au PDCI et seize indépendants[11].

Présidence

Rébellion du nord

Le 19 septembre 2002, des soldats rebelles, disposant d'un armement de qualité dont le financement reste d'origine inconnue, et venant du Burkina Faso voisin[15]attaquent des villes du pays pour réaliser un coup d'Etat alors que le président est à Rome. La situation tourne rapidement à un conflit entre un sud tenu par le gouvernement et un nord tenu par les rebelles, qui s'opposent notamment à la politique d'« ivoirité » introduite sous la présidence Bédié.

Accords de Marcoussis

Article détaillé : Accords Kléber.
Après plusieurs mois de combats, les accords de paix Kléber sont ratifiés par les principaux partis politiques ivoiriens et la rébellion, à Marcoussis, en France. Une force de paix française (Opération Licorne) se déploie pour patrouiller dans une zone de cessez-le-feu. D'après les termes de l'accord, Gbagbo doit rester en fonction (alors que les rebelles ont précédemment exigé sa démission), un gouvernement de réconciliation doit être formé avec un Premier ministre « neutre » et le désarmement des rebelles doit être accompli. Ce gouvernement inclut le FPI, l'opposition civile et des représentants des groupes rebelles. De plus, des lois doivent être votées afin de satisfaire aux exigences de l'accord.
L'Organisation des Nations unies délègue à une force d'interposition, l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), la responsabilité d'accompagner un apaisement de la situation en lieu et place de l'opération Licorne.

Remises en cause des accords

En novembre 2004, huit lois d'apaisement sur les dix-sept prévues sont effectivement votées.
Dans la première semaine du mois de novembre 2004, Laurent Gbagbo lance une offensive dans le secteur des villes rebelles de Bouaké et Korhogo. En réaction, la France demande le 5 novembre au Conseil de sécurité des Nations unies une extension du mandat de l'ONUCI afin qu'elle puisse s'interposer militairement aux combats entre forces gouvernementales et rebelles. Le 6 novembre, les bombardements opérés par l'armée ivoirienne sur la zone de confiance[Quoi ?], notamment à Man et Bouaké font neuf morts parmi les soldats français. En riposte, l'armée française détruit deux avions de type Soukhoï 25 et les hélicoptères MI-24.
Son mandat prenant théoriquement fin en 2005, Gbagbo fera repousser d'année en année le scrutin présidentiel prévu et ne cessera dès lors de manœuvrer pour tenter de se maintenir au pouvoir à tout prix.

Manifestations violentes

Des manifestations débutent le 6 novembre, une heure trente après le bombardement de Bouaké, en s'accompagnant de pillages. Elles se tournent d'abord vers l'aéroport et l'hôtel Ivoire durant le week-end, ainsi que devant la base française, avant de se diriger en début de semaine en direction du pont Charles-de-Gaulle, permettant de relier le nord de la ville à l'aéroport et au 43e BIMA.
En décembre 2006, Laurent Gbagbo a écrit à Kofi Annan, secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, pour lui demander de rappeler son représentant spécial, le Suédois Pierre Schori, en poste depuis avril 2005, date à laquelle il avait pris la succession du Béninois Albert Tévoédjrè[16].

Accord de Ouagadougou

Article détaillé : Accord de Ouagadougou.
Du 5 février au 3 mars 2007 ont lieu à Ouagadougou des rencontres entre les délégations des différentes parties. Un accord politique est signé le 4 mars par Gbagbo, Guillaume Soro et le président burkinabé Blaise Compaoré qui a joué le rôle de facilitateur.
En conséquence de cet accord, Gbagbo nomme Soro comme Premier ministre le 29 mars, lequel déclare, dans une adresse à la nation le 13 avril[17], savoir « gré au Président Laurent Gbagbo pour avoir pris l'initiative du dialogue direct » et « demande Pardon pour tous et au nom de tous ». « Nous devons à présent apprendre à pardonner » déclare-t-il également. Dans la foulée, Gbagbo signe le 12 avril une mesure d'amnistie via l'ordonnance 2007-457.

Élection présidentielle de 2010

Au premier tour, il arrive en tête avec 38,6 % des suffrages exprimés, devant Alassane Ouattara qui en obtient 32,3 % et l'ex-président Henri Konan Bédié 24,6 %. Tous les pays félicitent les Ivoiriens pour leur forte participation (seulement 16 % d'abstentions). La répartition ethnique a imprimé sa marque à la carte des résultats : les Malinkés, Sénoufos et Dioulas constituant la quasi-totalité des électeurs du Nord-Ouest accordent presque tous leurs suffrages à Ouattara, tandis que le centre du pays, peuplé essentiellement de Baoulés, accorde une nette majorité à l'ex-président Bédié ; en revanche, le sud du pays, davantage mélangé ethniquement à cause des migrations internes récentes, notamment à destination du prospère pays krou du sud-ouest, livre un vote moins massif quoique majoritaire en faveur du président sortant. Seuls les deux candidats ayant obtenu le plus de suffrages peuvent se maintenir pour le second tour. En tant qu'ancien "houphouettiste", l'ex-président Bédié appelle alors ses électeurs à se reporter sur Alassane Ouattara. Le second tour se passe dans le calme. Le 2 décembre 2010, la commission électorale indépendante (CEI), en majorité composée des membres du RHDP, s'apprête à proclamer les résultats provisoires, quand des membres de cette commission favorables au président sortant contestent à l'avance les résultats, appuyés par des militants de Gbagbo qui interrompent physiquement les opérations. Malgré ces incidents, des chiffres sont communiqués apres le délai prévu de 3 jours à l’hôtel du Golf (le porte-parole de la CEI avait été empêché physiquement de proclamer les résultats partiels par un partisan de Gbagbo le 30 novembre), donnant vainqueur Alassane Ouattara avec 54,1 % des voix[18]. Mais le Conseil constitutionnel, entièrement nommé par le président en place, déclare que les résultats de la CEI sont invalides et annonce la victoire de Laurent Gbagbo le 3 décembre[19]. La représentante de la diplomatie de l'Union européenne, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, les présidents Barack Obama et Nicolas Sarkozy considèrent pour leur part que le vainqueur de l'élection est Alassane Ouattara[20].
Laurent Gbagbo est investi le 4 décembre 2010 à Abidjan (Yamoussoukro étant la véritable capitale politique) en présence de deux représentants de pays étrangers : l'Angola et le Liban, présents à titre personnel et non diplomatique. Le Premier ministre Guillaume Soro, qui ne le reconnaît plus comme chef de l'État, remet donc sa démission à Alassane Ouattara, qu'il a reconnu comme Président, et celle de son gouvernement le 4 décembre 2010[21]. Soro est aussitôt « reconduit » dans ses fonctions par Alassane Ouattara, qui a également prêté serment « en qualité de président de la République de Côte d'Ivoire ».
Le 6 décembre, Gbagbo nomme un de ses proches, le président de l'université de Cocody, le principal établissement universitaire d'Abidjan, Gilbert Marie N'gbo Aké, au poste de Premier ministre[22].

Vers la guerre civile ?

Malgré l'isolement croissant de son régime sur la scène internationale (l'Angola prônant toutefois la « non ingérence de la communauté internationale dans les divergences électorales en Côte d'Ivoire »[23]), Laurent Gbagbo cherche à rester au pouvoir. Il interdit la parution de journaux favorables à Ouattara[24] et place sous la surveillance de l'armée le siège de la Radiodiffusion-Télévision ivoirienne (RTI), tandis que Ouattarra appelle à « marcher sur la RTI et le siège du gouvernement »[25].
Le 21 décembre, lors de sa première allocution télévisée depuis son investiture, Gbagbo se réaffirme président mais propose la création d'un « comité d'évaluation international » pour sortir de la crise[26]. Le lendemain, Guillaume Soro, Premier ministre de Ouattara, appelle la communauté internationale à recourir à la force contre Gbagbo[27].
Des témoignages font état de 50 morts et plus de 200 blessés dénombrés au 19 décembre 2010, ainsi que d'enlèvements effectués par des bandes armées accompagnées par des éléments des forces de sécurité[28]. La haut-commissaire adjointe aux Droits de l'homme de l'ONU estime que « 173 meurtres, 90 cas de tortures et de mauvais traitements, 471 arrestations, 24 cas de disparitions forcées ou involontaires » sont attribuables aux partisans de Laurent Gbagbo en cinq jours seulement[29],[30].

Publications

  • 1971 : Soundjata, lion du Manding
  • 1978 : Réflexions sur la conférence de Brazzaville
  • 1982 : Côte d'Ivoire : Économie et société à la veille de l'indépendance (1940-1960)
  • 1983 : Côte d'Ivoire : Pour une alternative démocratique
  • 1987 : Propositions pour gouverner la Côte d'Ivoire
  • 1989 : Côte d'Ivoire : Histoire d'un retour
  • 1991 : Agir pour les libertés, éd. L'Harmattan, Paris (ISBN 2738407692)
  • 1995 : Le Temps de l'espoir
  • 2002 : Sur les traces des Bétés

Notes et références

  1. a, b et c Côte d'Ivoire : Gbagbo et Ouattara ont prêté serment Le Figaro [archive]
  2. Serikpa Benson, « Exposition photos "Seplou" - Agboville accueille la caravane dès vendredi », Notre Voie, 25 février 2008 [archive]
  3. Dédy Seri, « Diplomatie - Qui se fie à la France fait le sacrifice de sa vie », Le Temps, 22 avril 2009 [archive]
  4. Communiqué du 6 janvier 2005 (ambassade de Côte d'Ivoire à Dakar) [archive]
  5. Titre de Reconnaissance de la Nation (Office national des anciens combattants et victimes de guerre) [archive]
  6. Serikpa Benson, « Exposition photos "Seplou" - Agboville accueille la caravane dès vendredi », Notre Voie, 25 février 2008 [archive]
  7. Laurent Gbagbo, Les Ressorts socio-économiques de la politique ivoirienne, 1940-1960 [archive], thèse sous la direction de Catherine Coquery Vidrovitch, soutenue à l'Université Paris Diderot - Paris 7, 1979.
  8. Philippe Duval, Fantômes d'Ivoire, éd. du Rocher, 2003, p.41
  9. Philippe Duval, Fantômes d'Ivoire, éd. du Rocher, 2003, p.41
  10. [pdf] Biographie de Laurent Gbagbo (DePaul University) [archive]
  11. a et b Chronologie de la Côte d'Ivoire (Sciences Po Bordeaux) [archive]
  12. Philippe Duval, Fantômes d'Ivoire, éd. du Rocher, 2003, p.43
  13. Communiqué d'Amnesty International en juillet 1992 [archive]
  14. Présentation du pays Maison des Français de l'étranger p. 6 [archive]
  15. Entretien avec Marc Le Pape et Claudine Vidal, La Documentation française, 2003 [archive]
  16. « Schori sur le départ ? », Le Nouveau Réveil, n°1491, 6 décembre 2006 [archive]
  17. Adresse à la nation du Premier ministre Guillaume Soro (Ambassade de Côte d'Ivoire à Dakar) [archive]
  18. Le résultat annoncé par le site du Point [archive]
  19. Côte d'Ivoire : Gbagbo déclaré vainqueur avec 51% des voix. AFP [archive]
  20. L'ONU et l'UE s'opposent au coup de force de Gbagbo Le Figaro [archive]
  21. Dépèche AFP du 4 décembre 2010 [archive]
  22. Article de Ouest-France du 6 décembre 2010 [archive]
  23. Côte d'Ivoire : l'Angola prône la non ingérence internationale (ministre), www.abidjan net [archive] paru le 22 décembre 2010
  24. abidjan.net - Article du 18 décembre 2010 [archive]
  25. seneweb.com - Article du 15 décembre 2010 [archive]
  26. Côte d'Ivoire : Gbagbo propose un comité d'évaluation international,www.lemonde.fr [archive], paru le 21 décembre
  27. Côte d'Ivoire : une seule solution, la force, déclare Soro, Nouvelos.com [archive], paru le 22 décembre 2010
  28. 20 minutes - Article du 19 décembre 2010 [archive]
  29. « Côte d'Ivoire: 173 morts selon l'ONU, le camp Ouattara en appelle à la CPI » [archive], dépêche AFP, 23 décembre 2010.
  30. « La Côte d'Ivoire sur le chemin de la guerre » [archive], Le Figaro, 24 décembre 2010.

Bibliographie

  • Ernest Duhy, Le pouvoir est un service : le cas Laurent Gbagbo, éd. L'Harmattan, Paris, 2006 (ISBN 2296004385)
  • Viviane Gnakalé, Laurent Gbagbo : pour l'avenir de la Côte d'Ivoire, éd. L'Harmattan, Paris, 2006 (ISBN 2296005616)

la guerre de cent ans

Guerre de Cent Ans

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Page d'aide sur les redirections Pour la première guerre de Cent ans, voir Capétiens contre Plantagenêt.
Guerre de Cent Ans
Crécy jean froissard.jpg
Bataille de Crécy (1346) illustration tirée des Chroniques de Jean Froissart.
Informations générales
Date 1337 - 1453
Lieu Principalement la France et les Pays-Bas
Casus belli Édouard III d’Angleterre revendique le trône de France et défie Philippe VI de Valois
Issue Victoire française
Belligérants
Blason France moderne.svg Royaume de France
Blason Castille Léon.svg Royaume de Castille
Blason region fr Bretagne.svg Duché de Bretagne blésiste
Blason région fr Champagne-Ardenne.svg Comté de Champagne
Royal arms of Scotland.svg Royaume d'Écosse
CoA civ ITA genova.png République de Gênes
Blason Jean de Bohême.svg Royaume de Bohême
Armas de Aragon.png Royaume d'Aragon
Arms of Edward III of England.svg Royaume d'Angleterre
Blason fr Bourgogne.svg Duché de Bourgogne
Blason region fr Bretagne.svg Duché de Bretagne montfortiste
Armoiries Portugal 1247.svg Royaume de Portugal
Blason Royaume Navarre.svg Royaume de Navarre
Blason Nord-Pas-De-Calais.svg Comté de Flandre
Hainaut Modern Arms.svg Comté de Hainaut
Blason province fr Gascogne.svg Royaume d'Aquitaine
Luxembourg New Arms.svg Duché de Luxembourg
Batailles
Chevauchées
Chevauchée de 1346 —

Arnemuiden (navale - 1338)  — L’Écluse (navale - 1340) — Crécy (1346) — Calais (1346) —

Guerre anglo-écossaise
Neville's Cross (1346) —

Jacquerie
Grande Jacquerie (1358) — Meaux (1358) — Révolte des Tuchins (1381-1384) — Révolte paysanne anglaise (1381) —

Guerre de succession de Bretagne
Vannes (1342) — La Roche-Derrien (1347) — Combat des Trente (1351) — Mauron (1352) — Montmuran (1354) — Rennes (1356-1357) — Auray (1364) —

Winchelsea (1350) — Poitiers (1356) — Cocherel (1364) —

Première guerre civile de Castille
Nájera (1367) — Montiel (1369) —

Pontvallain (1370) — La Rochelle (1372)  — Roosebeke (1382) —

Guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons
Révolte des Cabochiens (1413) — Anthon (1430) —

Azincourt (1415) — Rouen (1418) — Baugé (1421) — Cravant (1423) — Brossinière (1423) — Verneuil (1424) — Journée des Harengs (1429) — Gerberoy (1435) —

Campagne de Jeanne d'Arc
Orléans (1428) — Jargeau (1429) — Meung-sur-Loire (1429) — Patay (1429) — Montépilloy (1429) — Compiègne (1430) —

Campagne de Bretagne et de Normandie en 1448-1449
Fougères (1449) — Verneuil (1449) — Formigny (1450) —

Campagne de Guyenne
Castillon (1453)
La guerre de Cent Ans couvre une période de cent seize ans (1337 à 1453) pendant laquelle s’affrontent sur le sol français deux dynasties, les Plantagenêts et la Maison capétienne de Valois lors de nombreux conflits, entrecoupés de trêves plus ou moins longues.
L'Europe traverse à cette époque une crise économique et démographique entraînant des conflits militaires, politiques et culturels. Pour répondre à ces enjeux, la modernisation de l'État et de la fiscalité est nécessaire mais entraînent des tensions dans toute l'Europe. Pour des raisons économiques, toute la côte atlantique est dépendante du royaume d'Angleterre et pour des questions de structuration de l'État, l'ouest du Saint-Empire entre dans l'orbite française. Entre les royaumes de France et d'Angleterre, il y a de nombreux contentieux en suspens telles la souveraineté sur la Guyenne (fief du roi d'Angleterre où les décisions de justice sont prises en dernier recours par le roi de France), l'Auld Alliance et la succession des derniers Capétiens. L'élément déclencheur du conflit est la confiscation de la Guyenne au roi d'Angleterre par Philippe VI pour félonie en 1337.
La guerre connaît plusieurs phases. Dans un premier temps, l'Angleterre remporte de nombreuses victoires, puis la France reprend l'ascendant à partir de 1364 et en 1378 les Anglais ne contrôlent plus que quelques villes sur le continent. Le découpage des deux royaumes en grandes principautés est administrativement performant, mais l'affaiblissement du pouvoir royal (les deux souverains sont adolescents) à compter de 1380, conjugué à un contexte économique difficile, conduit à une période de guerre civile dans les deux pays. Le royaume d'Angleterre en sort le premier et Henri V d'Angleterre profite de la folie du roi Charles VI de France et de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons pour relancer la guerre. Fort de l'alliance avec les Bourguignons, Henri V d'Angleterre, obtient la couronne de France pour son fils Henri VI au traité de Troyes en 1420. Cependant, le sentiment national naissant et la modification des circuits économiques rendent difficile le maintien des Anglais sur le continent. En 1429, l'action de Jeanne d'Arc est décisive puisqu'en prenant le contrôle de Reims et de Compiègne, elle coupe les possessions du duc de Bourgogne. Celui-ci est contraint à un rapprochement avec Charles VII en 1435. Les Anglais sont alors inexorablement et progressivement repoussés. En 1453, ils ne contrôlent plus sur le continent que Calais, et la paix est signée en 1475.
Sur le plan démographique, les batailles ont fait peu de morts hors de la noblesse française, en comparaison aux victimes de la Grande Peste de 1349, mais les pillages ont eu des conséquences néfastes sur les populations civiles. Sur le plan militaire, cette guerre marque une rupture avec le déclin de la cavalerie au profit de l'infanterie et l'apparition de l'artillerie. La guerre a également des conséquences sur le commerce, et sur le plan religieux avec le Grand Schisme d'Occident qui oppose les papes de Rome et d'Avignon. Elle est marquée par l'affirmation du sentiment national et la rivalité franco-anglaise devient plus qu'un simple enjeu dynastique. De la même manière la mutation du Duché de Bourgogne en principauté indépendante génère un conflit de 200 ans avec les Habsbourgs.

Sommaire

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Forces en présence[modifier]

Royaume de France[modifier]

Article détaillé : Capétiens contre Plantagenêt.
Le royaume de France est un régime féodal qui donne une grande place à la chevalerie. Sur cette enluminure, Jean II le Bon adoube des chevaliers.
Au début du XIVe siècle, le royaume de France, irrigué par de grands bassins fluviaux, bénéficiant d'un climat favorable et d'une agriculture florissante compte entre 16 et 17 millions d’habitants[1],[2],[3], ce qui en fait la première puissance démographique d’Europe. En 1328, une grande enquête administrative, portant sur près des trois-quarts de la population et recensant les feux fiscaux, permet de donner un aperçu du territoire. On y compte 2 469 987 foyers soit environ 12 millions d’habitants et 32 500 paroisses[4]. Paris à elle seule compte selon ce recensement plus de 200 000 habitants[5]. Cette augmentation de la population n’est pas sans effet sur l’aménagement du territoire, puisque une grande partie des forêts est défrichée au profit de l'agriculture fondée sur un régime féodal et religieux très hiérarchisé. La capacité agricole permet de nourrir la population (il n'y a plus eu de famine depuis le XIIe siècle[6]) et avec l'apparition de nouvelles techniques de labour ou d’attelage mais aussi l’utilisation du cheval au détriment du bœuf, des zones peu fertiles permettent d’avoir des exploitations qui fournissent de la nourriture à une population dense, la noblesse quant à elle ayant pour devoir de défendre les terres[7].
Plus que sa population, le royaume est imposant aussi par sa taille. Au couronnement de Philippe VI de Valois, la France s’étend de l’Escaut aux Pyrénées, de l’Atlantique au Rhône, à la Saône et à la Meuse, un pays que l’on met « 22 jours à traverser du nord au sud et 16 d’est en ouest » selon Gilles Le Bouvier au XVe siècle[8] soit près de 424 000 km2 [9]. Près de soixante régions se différencient entre elles par de grandes disparités linguistiques, culturelles, historiques voire à certains moments religieuses (comme les cathares au sud). Ainsi le nord du royaume parlant la langue d’oïl et proche du berceau de la dynastie capétienne possédait de riches terres agricoles et une population plus nombreuse (14 foyers par km2 pour l’Île-de-France et jusqu’à 22 foyers par km2 pour les bailliages de Senlis et de Valois pour une moyenne de 7,9 foyers par km2[3]) se démarquant nettement du sud. Ce dernier, où la langue d’oc était utilisée, avait une culture imprégnée par l’ancienne présence romaine mais était aussi plus pauvre sur le plan agricole (en revanche, l'élevage y était plus riche) et moins peuplé (près de 4 foyers par km2 pour les comtés de Bigorre, de Béarn par exemple), mais surtout il était plus indépendant vis-à-vis du roi, car si ce dernier transférait une partie de son autorité entre les mains de ses vassaux, il devait tenir compte de leur avis. Toutefois le souverain ne se privait pas de s’immiscer dans la politique intérieure de ses subordonnés puisque depuis le XIIe siècle, il bénéficiait de pouvoirs inégalés jusque là. Il était au sommet d’une pyramide où les échelons inférieurs lui devaient fidélité[10].
Le clergé joue un rôle social majeur dans cette organisation de la société. Les clercs, sachant lire et compter, gèrent les institutions ; les religieux font fonctionner les œuvres caritatives[11] et les écoles[12] ; par le biais des fêtes religieuses, le nombre des jours chômés atteint 140 par an[13]. Toutefois sur ce plan aussi une différence Nord/Sud existe. Le Midi, moins marqué par la renaissance carolingienne et les ordres religieux que le Nord, se tournait essentiellement vers les sciences telles que la médecine alors que le Nord avait une préférence pour la philosophie ou la théologie. Deux villes démontrent ce clivage, c’est Paris et Montpellier ; alors que la première possédait une des universités les plus réputées du monde chrétien sur le plan théologique, la seconde avait quant à elle une des plus prestigieuses facultés de médecine d’Occident où il n’était pas rare de voir des étudiants venus du Moyen-Orient ou d’Afrique du Nord y étudier.
De la même manière, la noblesse doit conjuguer richesse, pouvoir et bravoure sur le champ de bataille : vivant du labeur des paysans, le maître se doit de manifester sa bravoure et sa loyauté envers eux[7]. L'Église a œuvré pour canaliser les chevaliers-brigands dès la fin du Xe siècle. À partir du concile de Charroux en 989, les hommes en armes sont priés de mettre leur puissance au service des pauvres et de l'Église et deviennent des milites Christi (« soldats du Christ »)[14]. Depuis le XIIIe siècle, le roi de France a réussi à faire admettre l'idée que son pouvoir de droit divin lui permettait de créer des nobles[15]. La noblesse se différencie donc du reste de la population par son sens de l'honneur et doit faire montre d'esprit chevaleresque, protéger le peuple et rendre justice en préservant un certain confort matériel. Elle doit justifier sur le champ de bataille son statut social : l’adversaire doit être vaincu face à face dans un corps à corps héroïque. L’armée est donc structurée autour de la chevalerie la plus puissante d’Europe, cavalerie lourde combattant de front, au corps à corps[2]. Cette volonté de briller sur les champs de bataille est accrue par l’habitude de l’époque de faire des prisonniers et de monnayer leur libération contre rançon. La guerre devient donc très lucrative pour les bons combattants et les risques d’être tué sont donc amoindris pour les autres[16]. Depuis Philippe le Bel, le roi peut convoquer « le ban et l'arrière-ban », c'est-à-dire tous les hommes de 15 à 60 ans, de toute condition (chevaliers et paysans, jeunes et vieux, riches et pauvres). Vers 1340, Philippe VI peut compter sur 30 000 hommes d'armes ainsi que 30 000 hommes de pied. Numériquement, c'est inégalable, car l'entretien d'un tel nombre de combattants représente un coût extraordinairement élevé, mais c'est une armée hétéroclite et peu disciplinée[17].
Pour asseoir leur pouvoir face à la grande noblesse et à la papauté, les Capétiens ont donné des gages au peuple : créations de villes franches avec octroi de chartes de franchises, création des états généraux[18]… L'équilibre social passe par l'acceptation par le peuple d'un pouvoir royal fort, qui l’émancipe de l’arbitraire féodal, et une administration de plus en plus centralisée qui lui assure un certain confort matériel. À la veille de la guerre de Cent Ans, ce système se fragilise car à la suite de la croissance démographique qui a lieu depuis le Xe siècle, on assiste à une surpopulation des campagnes et à une demande d’autonomie des villes[19],[1],[20]. La taille des parcelles des paysans se réduit et les prix agricoles chutent : les ressources fiscales de la noblesse diminuent et il devient impératif de briller sur le champ de bataille pour renflouer ses finances[21]. Or l'équipement d'un chevalier coûte toujours plus cher.
En trois siècles, les rois capétiens ont réussi à consolider leur autorité et à agrandir leur territoire, aux dépens des Plantagenêts. Le prestige royal de la France est immense, et, au temps de Philippe IV le Bel, le réseau d’alliances françaises s’étend jusqu’en Russie[2]. Toutefois, malgré les confiscations territoriales de Philippe II Auguste, saint Louis et Philippe IV le Bel, les rois d’Angleterre ont conservé l’étroit duché de Guyenne et le petit comté de Ponthieu : le roi d’Angleterre est ainsi le vassal du roi de France[22].

Royaume de France et d'Angleterre[modifier]

Articles détaillés : Magna Carta et Arc long anglais.
Yvain secourant la damoiselle. Enluminure tirée d'une version de Lancelot du Lac du XVe siècle. Le chevalier doit avoir un comportement loyal, le combat est l'occasion de justifier son statut social.
La Magna Carta, ou « Grande Charte »
Le royaume d’Angleterre, beaucoup moins peuplé avec quatre millions d’habitants, est touché par le refroidissement climatique européen à partir du XIIIe siècle et doit renoncer à certaines productions agricoles (le vin, par exemple, produit auparavant dans tout le sud de l’Angleterre ne l’est plus qu’en Guyenne[Note 1],[23]) et opter pour une économie fondée sur la spécialisation et le commerce[24]. Le climat pluvieux et les pâturages verdoyants favorisent l’élevage (plus particulièrement des ovins) permettant une importante production de laine utilisée par les tisserands et les drapiers (les ovins anglais produisent une laine particulièrement fine et d’excellente qualité pour le filage[25]). L’artisanat, le commerce et donc les villes se sont développés[26]. Les habitants des villes ont surtout besoin de liberté d’entreprendre et de limiter la pression fiscale (une grande partie des finances de l’État vient de la taxe sur la laine)[27],[28]. De même, les propriétaires fonciers (barons et clergé) voient d'un mauvais œil l'augmentation des impôts rendue nécessaire par le financement de la guerre contre Philippe Auguste, d'autant que Jean sans Terre accumule défaites et pertes territoriales. Ce dernier doit leur concéder la Grande Charte de 1215 qui garantit la liberté des villes et donne au Parlement anglais un pouvoir de contrôle sur la fiscalité[29].
Le commerce rend l’Angleterre très dépendante de la Guyenne (car elle produit des vins qui à l’époque sont plus salubres que l’eau), des Flandres (dont les drapiers achètent la laine) et de la Bretagne (qui lui vend du sel indispensable à la conservation des aliments)[30].
Depuis deux siècles, la souveraineté sur l'ouest de la France, du duché d'Aquitaine au riche et puissant comté de Flandre, est à l'origine de conflits et d'intrigues entre Capétiens et Plantagenêts. Cette lutte, commencée au milieu du XIIe siècle avec un énorme avantage pour l’Anglais (qui possédait alors l’Anjou, la Normandie, le Maine, le Poitou, l’Aquitaine et le Limousin), se termine par la confiscation de ses possessions au profit du roi de France[31]. Du grand empire Plantagenêt, il ne reste plus qu’une Aquitaine diminuée et réduite à la côte gasconne et à Bordeaux, nommée Guyenne[32].
D’autre part, l’Angleterre doit faire face à la deuxième guerre d'indépendance d'Écosse (1332 à 1357). Depuis 1296, profitant de la mort d’Alexandre III sans héritier mâle et d'une tentative de prise de contrôle par mariage, l’Angleterre considère l’Écosse comme un État vassal[33]. Cependant, les Écossais ont contracté avec la France, la Auld Alliance, le 23 octobre 1295, et Robert Bruce, lors de la bataille de Bannockburn, a écrasé la chevalerie anglaise pourtant très supérieure en nombre grâce à une armée essentiellement composée d’hommes d’armes à pied protégés des charges par un premier rang de piquiers[34]. Les Anglais adaptent donc leur manière de combattre en diminuant la cavalerie mais en utilisant plus d’archers et d’hommes d’armes à pied protégés des charges par des pieux plantés dans le sol (ces unités, pour accroître leur mobilité, se déplacent à cheval mais combattent à pied)[35]. Édouard III met en œuvre cette nouvelle façon de combattre en soutenant Édouard Balliol contre les partisans de David II, le fils de Robert Bruce. Grâce à cette tactique, les Anglais remportent plusieurs batailles importantes dont la bataille de Dupplin Moor en 1332 et celle de Halidon Hill en 1333[36],[37]. David II doit s’enfuir et trouve refuge en France où il est accueilli par Philippe VI de Valois[38],[39]. Édouard Balliol devient roi d’Écosse, vassal de l’Angleterre et est honni par son peuple. Grâce à cette campagne, Édouard III peut disposer d’une armée moderne et rodée aux nouvelles tactiques (il y a aussi expérimenté la stratégie des chevauchées qui consiste à piller le pays sur des distances énormes grâce à une armée montée)[35].
La langue des élites est le franco-normand — soit un français mâtiné de mots nordiques apportés par les Vikings — depuis 1066 (conquête par Guillaume le Conquérant) jusqu’en 1361 (décret d’Édouard III), bien que l'anglo-saxon continue d'être employé par le peuple[40].

Origines du conflit[modifier]

Article détaillé : Capétiens contre Plantagenêts.
Si on trouve les raisons profondes du conflit dans la crise démographique, économique et sociale que traverse l’Europe du XIVe siècle, le déclenchement de la guerre est motivé par la montée progressive de la tension entre les rois de France et d’Angleterre au sujet de la Guyenne, des Flandres et de l'Écosse. La question dynastique, posée par une interruption de la descendance mâle directe des Capétiens en est le prétexte officiel.

Causes culturelles, démographiques, économiques et sociales du conflit[modifier]

Article détaillé : Crise de la fin du Moyen Âge.
Un repas au XVe siècle, vin et viandes sont au menu de la table des nobles, Les Très Riches Heures du duc de Berry
Alors que, sous l’effet des progrès des techniques agraires et des défrichements, la population s’accroît en Occident depuis le Xe siècle, on franchit un seuil qui dépasse les capacités de productions agricoles dans certaines zones d’Europe dès la fin du XIIIe siècle. Avec le jeu des partages successoraux les parcelles se réduisent : leur surface moyenne diminue des deux tiers entre 1240 et 1310[6]. Certaines régions, comme les Flandres, sont en surpopulation et essaient de gagner des terres cultivables sur la mer ; néanmoins, pour couvrir leurs besoins, elles optent pour une économie de commerce permettant d’importer les denrées agricoles. En Angleterre, dès 1279, 46 % des paysans ne disposent que d’une superficie cultivable inférieure à 5 hectares, surface minimum pour nourrir une famille de 5 personnes[6]. En France la situation est à peine meilleure, en 1311 à Garges près de Paris, plus de deux tiers des habitants possèdent un terrain inférieur à 34 ares si l’on y compte la maison qui prend près de 20 ares[41], dans ce contexte, la moindre catastrophe naturelle peut ruiner une famille. La population rurale s’appauvrit, le prix des produits agricoles baisse et les revenus fiscaux de la noblesse diminuent alors que la pression fiscale augmente, faisant donc croître les tensions avec la population rurale[42]. Beaucoup de paysans tentent donc leur chance comme saisonniers dans les villes pour des salaires très faibles, engendrant aussi des tensions sociales en milieu urbain. Le refroidissement climatique[23] provoque de mauvaises récoltes qui se traduisent, avec la pression démographique, en famines (qui avaient pourtant disparu depuis le XIIe siècle) dans le nord de l’Europe en 1314, 1315 et 1316 : Ypres perd 10 % de sa population et Bruges 5 % en 1316[6]. L'essor des villes accroît ce déficit et le ravitaillement doit être assuré par un commerce à plus ou moins longue distance. D'autre part, des consommateurs, au niveau de vie plus élevé grâce à la prospérité générale, réclament une nourriture plus abondante et plus variée : la mode de boire du vin se répand largement dans la noblesse ; pour toutes les classes de la société, le compaganagium (l'accompagnement du pain) devient plus abondant et plus riche[43]. L'enrichissement de la société et les nouvelles demandes en produits à plus forte valeur ajoutée poussent les paysans à diversifier leurs productions. Le vignoble se développe avec la demande : ceux du nord et de l'est de la France augmentent leur production. Les souverains anglais, qui ne possèdent sur le continent que la Guyenne, y font croître le vignoble ; au même moment, les ducs de Bourgogne encouragent la production et l'exportation des vins de Beaune. Cette diversification de l'agriculture accroît le déficit en produits de base dans l'alimentation de l'époque[43].
La noblesse doit compenser la diminution de ses revenus fonciers et la guerre en est un excellent moyen grâce aux rançons perçues après capture d’un adversaire, au pillage et à l’augmentation des impôts justifiée par la guerre. La noblesse, et plus particulièrement la noblesse anglaise dont les revenus fonciers sont plus touchés, adopte donc un comportement belliciste[16]. En France, le roi Philippe VI doit renflouer les caisses de l'État et une guerre permet de lever des impôts exceptionnels.

Sphères d'influences économiques et culturelles de la France et de l'Angleterre[modifier]

Sphères d'influence et principaux axes commerciaux au royaume de France en 1330.      Possessions de Jeanne de Navarre      États pontificaux      Territoires contrôlés par Édouard III      Zone d'influence économique anglaise      Zone d'influence culturelle française
Depuis Louis IX, la modernisation du système juridique attire dans la sphère culturelle française de nombreuses régions limitrophes. En particulier, en terres d'Empire, les villes du Dauphiné ou du comté de Bourgogne recourent à la justice royale pour régler des litiges : le roi envoie ainsi le bailli de Mâcon qui intervient à Lyon pour y régler des différends, comme le sénéchal de Beaucaire qui intervient à Vivier ou à Valence[44]. Les rois de France savent attirer à leur cour la noblesse de ces régions en allouant des rentes et en se livrant à une habile politique matrimoniale. L'hommage prêté au roi de France par les comtes de Savoie contre l'octroi de pensions, la mort héroïque à Crécy du roi de Bohême Jean de Luxembourg, beau-père de Jean le Bon et la cession du Dauphiné à Philippe VI par le comte Humbert II ruiné par son incapacité à lever l'impôt[45] et sans héritier après la mort de son fils unique[46] sont de parfaites illustrations de ce phénomène. Inversement, le fait que le roi d'Angleterre soit vassal du roi de France pour la Guyenne lui pose problème car tous les litiges peuvent être réglés à Paris et donc en sa défaveur[33].
L’essor du commerce a rendu certaines régions dépendantes économiquement de l’un ou l’autre royaume. À cette époque, le transport de marchandises s'effectue essentiellement par voie maritime ou fluviale. La Champagne et la Bourgogne alimentent Paris par la Seine et ses affluents et sont donc pro-françaises. La Normandie est partagée car elle est le point d'union entre ce bassin économique et la Manche qui devient une zone d'échanges de plus en plus intenses grâce aux progrès des techniques maritimes (le contournement de la péninsule Ibérique par les navires italiens devient de plus en plus fréquent). L’Aquitaine qui exporte son vin en Angleterre, la Bretagne qui exporte son sel et les Flandres qui importent la laine britannique ont tout intérêt à être dans la sphère d'influence anglaise[30].
Ainsi les Flamands, voulant échapper à la pression fiscale française, se révoltent de manière récurrente contre le roi de France, d'où les batailles successives de Courtrai (1302), de Mons-en-Pévèle (1304) et de Cassel (1328)[47]. Les Flamands apportent leur soutien au roi d'Angleterre, déclarant même en 1340 qu'Édouard III est le légitime roi de France. Les deux États ont donc intérêt à augmenter leurs possessions territoriales pour accroître leurs rentrées fiscales et renflouer leurs finances. Dès lors, les intrigues des deux rois pour faire passer la Guyenne, la Bretagne et les Flandres sous leur influence conduisent rapidement à la guerre entre les deux États : celle-ci s'étend finalement sur 116 ans[48].

La question dynastique[modifier]

Article détaillé : Succession de Charles IV le Bel.
Descendance de Philippe III le Hardi, roi de France (1270-1285)
Pour comprendre la question dynastique de 1328, il faut remonter une dizaine d’années dans le temps. En 1316, la mort de Louis X le Hutin, deux ans seulement après celle de son père Philippe le Bel, marque la fin du « miracle capétien » : de 987 à 1316, les rois capétiens ont toujours eu un fils à qui transmettre la couronne à leur mort. De sa première épouse, Marguerite de Bourgogne qui fut condamnée pour infidélité[Note 2], Louis X le Hutin n’a qu’une fille, Jeanne de Navarre. À sa mort, sa seconde femme attend un enfant. Un fils naît : Jean Ier dit le Posthume, mais il ne vit que quelques jours[3]. Cas inédit jusqu’alors, l’héritier direct du royaume de France se trouve donc être Jeanne de Navarre, une femme. La décision qui est prise à ce moment est très importante, car elle devient coutume et va être appliquée sur la question dynastique qui va se poser en 1328. L’infidélité de la reine Marguerite n'est qu'un prétexte pour écarter sa fille Jeanne, et choisir Philippe V (frère de Louis X le Hutin) comme roi de France. En fait, il s’agit d’un choix géopolitique découlant du refus de voir un éventuel étranger épouser la reine et diriger le pays. Le choix du monarque français se fonde sur l'hérédité et le sacre, mais l’élection reprend ses droits en cas de problème. Les Capétiens avaient pris soin légalement de renforcer leurs possessions en rattachant à la couronne les fiefs de leurs vassaux morts sans héritiers mâles. Philippe le Bel avait introduit la « clause de la masculinité », selon l’expression de Jean Favier[49], en révisant, la veille de sa mort, le statut de l’apanage de Poitou qui, « faute d’héritier mâle, reviendrait à la couronne de France »[31]. La loi salique n’est pas invoquée lors du choix du nouveau roi de France. Ce n’est que trente ans plus tard, vers 1350, qu’un bénédictin de l’abbaye de Saint-Denis, qui tient la chronique officielle du royaume, invoque cette loi pour renforcer la position du roi de France dans le duel de propagande qu’il livre à Édouard III d’Angleterre[50]. Cette loi date des Francs et indique que les femmes doivent être exclues de la « terre salique ». Le terme salique provient de la rivière Sala, aujourd'hui Yssel, aux Pays-Bas, terre des Francs saliens[51][réf. insuffisante]. Cette loi est reprise, adaptée à la situation et avancée comme argument de poids dans les disputes sur la légitimité du roi.
Après le court règne de Philippe V, mort sans héritier mâle, c’est son plus jeune frère, Charles IV, qui, bénéficiant du précédent posé par son aîné, ceint à son tour la couronne. Mais son règne dure également peu de temps. Avant de mourir, sa femme étant enceinte, il demande à ce que, si elle lui donne un fils, celui-ci soit roi. Si ce doit être une fille, il charge les nobles de choisir à qui reviendra la couronne[52].
Quand ce troisième et dernier fils de Philippe le Bel meurt sans descendant mâle en 1328, la question dynastique est la suivante : Isabelle de France, dernière fille de Philippe le Bel, a un fils, Édouard III, roi d’Angleterre[53]. Peut-elle transmettre un droit qu’elle ne peut elle-même exercer selon la coutume fixée dix ans plus tôt ? Édouard III se propose comme candidat, mais c’est Philippe VI de Valois qui est choisi[31]. Il est le fils de Charles de Valois, frère cadet de Philippe le Bel et descend donc par les mâles de la lignée capétienne. Les pairs de France refusent de donner la couronne à un roi étranger, suivant la même logique de politique nationale que dix ans auparavant[54],[55]. Avec bien certaines réticences, Édouard III d’Angleterre prête alors hommage à Philippe VI, étant son vassal au titre de la Guyenne[56],[57]
Édouard III, ayant prêté hommage et reconnu pour roi Philippe VI de Valois, et ayant dû accepter des concessions en Guyenne (mais il se réserve le droit de réclamer les territoires arbitrairement confisqués)[31], s'attend à ce qu'on lui laisse les mains libres en Écosse. Mais Philippe VI confirme son soutien à David Bruce. Édouard III saisit alors le prétexte de sa légitimité royale pour déclencher la guerre[58].

La querelle de Guyenne[modifier]

France en 1330     Aquitaine : fief du roi d'Angleterre en France en 1330     Royaume de France      Possessions des Plantagenêts en 1180
Cette querelle est encore plus importante que la question dynastique pour expliquer le déclenchement de la guerre[58]. La Guyenne pose un problème considérable aux rois de France et d’Angleterre : Édouard III se trouve être le vassal de Philippe VI de France et doit donc reconnaitre la souveraineté du roi de France sur la Guyenne. Dans la pratique, un jugement rendu en Guyenne peut être soumis à un appel devant la cour de Paris et non pas à Londres. Le roi de France a donc le pouvoir de révoquer toutes les décisions juridiques prises par le roi d'Angleterre en Aquitaine, ce qui est bien sûr totalement inacceptable pour les Anglais. Dès lors, la souveraineté sur la Guyenne fait l'objet d'un conflit larvé entre les deux monarchies depuis plusieurs générations[22].
En 1323, le père de Philippe VI, Charles de Valois, en expédition pour le compte du roi Charles IV le Bel, fait saisir une bastide fortifiée construite par les Anglais à Saint-Sardos, en plein territoire du duc de Guyenne, malgré les plus vives protestations et recours en justice d'Édouard II d'Angleterre et du seigneur voisin Raymond-Bernard de Montpezat. Ce dernier réplique par les armes le 16 octobre 1323, alors que le procureur du roi de France se trouve à Saint-Sardos pour officialiser l'alliance. À la tête de sa troupe, renforcée d'éléments anglais, le seigneur de Montpezat attaque le château de Saint-Sardos et ruine le village. Il fait passer la garnison au fil de l'épée et le représentant de Charles IV est pendu[59]. Devant ce prétexte tout trouvé, le Parlement, arguant que le duc de Guyenne n’avait pas prêté hommage à son suzerain, confisque le duché en juillet 1324. Le roi de France envahit la quasi-totalité de l'Aquitaine mais accepte de mauvaise grâce de restituer ce territoire en 1325. Pour recouvrer son duché, le roi Édouard II d’Angleterre doit transiger : il envoie son fils, le futur Édouard III, prêter l’hommage mais le roi de France ne lui propose qu’une Guyenne amputée de l’Agenais. Les choses semblent se débloquer en 1327 à l’avènement d’Édouard III qui recouvre son duché contre la promesse d’une indemnité de guerre[32]. Mais les Français, faisant traîner en longueur la remise des terres, forcent Édouard III à venir prêter hommage, ce qu’il fait le 6 juin 1329. Cependant, lors de cette cérémonie, Philippe VI fait consigner que l’hommage n’est pas prêté pour les terres qui ont été détachées du duché de Guyenne par Charles IV le Bel (en particulier l’Agenais). Édouard considère que son hommage n’implique pas la renonciation de la revendication des terres extorquées[60],[Note 3].

Intrigues et déclaration de guerre[modifier]

La tension monte entre les deux souverains d'autant que la noblesse pousse au conflit. Elle débouche inévitablement sur une déclaration de guerre en 1337.
Le roi de France aide les Écossais dans leur combat contre l’Angleterre. C’est la politique menée depuis plusieurs siècles par les rois capétiens : il s’agit de la Vieille Alliance. Le roi d’Écosse, David Bruce, a été chassé par Édouard III en 1333 et Philippe VI l’héberge à Château-Gaillard et réarme ses partisans en attendant qu’il ait reconstitué des forces suffisantes pour reprendre pied en Écosse.
En 1334, il convoque les ambassadeurs anglais, dont l’archevêque de Canterbury et leur précise que l’Écosse de David Bruce est comprise dans la paix[61],[62]. En 1335, David Bruce peut attaquer les îles Anglo-Normandes grâce à une flotte financée par Philippe VI. C'est un échec, mais cela fait craindre à Édouard III une invasion de l'Angleterre[36].
Édouard III intrigue en Flandre, son mariage avec Philippa de Hainaut lui permet de tisser des liens dans le Nord de la France et dans le Saint-Empire : Robert d'Artois est réfugié à Londres depuis 1336[63], il a acheté l'alliance du comte de Hainaut ainsi que celle de l'empereur Louis de Bavière pour 300 000 florins et le duc de Brabant ainsi que le comte Gueldre se tournent vers lui[64]. Les Flamands sont outrés par le ralliement du comte Louis Ier de Flandre au roi de France et de la pression fiscale qui s'ensuit, mais en cas de relance du conflit avec le roi de France, ils devraient verser une lourde amende au pape (qui a le pouvoir de les excommunier ou de jeter l'interdit sur les villes flamandes). Il est prévu avec Jacob van Artevelde (l'homme fort de l'opposition flamande) que les Flandres reconnaissent Édouard comme roi de France ce qui permet de contourner cet accord[48]. Louis de Nevers réagit en arrêtant des marchands anglais. Édouard III coupe l’approvisionnement en laine de cette région en août 1336[64], menaçant son économie constituée essentiellement de draperie et de tissage[48]. Mais surtout, il soutient l'industrie textile du Brabant auquel il est allié et prend des mesures incitatives pour faire venir en Angleterre les tisserands flamands désœuvrés pour y créer sa propre industrie textile. Si la Flandre reste neutre ou prend le parti du roi de France elle risque de perdre tout son pouvoir économique et est menacée de ruine[65]. La Flandre se révolte donc contre les Français en 1337.
La réouverture du conflit aquitain et le soutien apporté par les Valois à ses adversaires écossais amènent Edouard III à faire de ses prétentions au trône de France un moyen de justifier sa cause. Par mesure de rétorsion, Philippe VI décide donc de confisquer la Guyenne pour félonie. Édouard III d’Angleterre réplique en revendiquant la couronne de France. Le 7 octobre 1337, un archevêque est envoyé à Paris pour jeter le gant à « Philippe, qui se dit roi de France »[31]. La guerre commence.

Principales phases du conflit[modifier]

La guerre de Cent Ans comprend deux grands mouvements qui répondent à une même structure : une première période, de 1337 à 1380, qui voit l’effondrement de la puissance de la monarchie française, puis une période de crise suivie d’un rétablissement et d’une seconde période, de 1415 à 1453, reproduisant le même cycle : effondrement, crise, rétablissement. Ces deux périodes sont séparées par une longue trêve provoquée par des conflits de pouvoir dans les deux camps.
On peut subdiviser chacune de ces deux grandes périodes en deux phases :
     Territoires contrôlés par les Français      Territoires contrôlés par les Anglais      Territoires contrôlés par le duc de Bourgogne
  • De 1337 à 1364, le génie tactique d’Édouard III d’Angleterre entraîne une succession de victoires anglaises sur la chevalerie française. La noblesse française est complètement discréditée et le pays sombre dans la guerre civile. À la suite du traité de Brétigny, une grande partie de la France est contrôlée par les Anglais.
  • De 1364 à 1380, Charles V entame une patiente reconquête du territoire. Le roi a compris que la victoire finale se jouerait sur le sentiment d’appartenance nationale. Il laisse les Anglais ravager la campagne par des chevauchées alors que lui-même soulage la population en envoyant les Grandes compagnies combattre en Castille. Évitant les batailles rangées qui ont été désastreuses durant la première phase du conflit, il reprend progressivement plusieurs places fortes à l’ennemi. En 1375, Édouard III ne contrôle plus sur le continent que Calais, Cherbourg, Brest, Bordeaux, Bayonne, et quelques forteresses dans le Massif central.
  • De 1429 à 1453, les Anglais sont progressivement chassés de France. Jeanne d’Arc cristallise le sentiment national et assoit Charles VII sur le trône en dépit du traité de Troyes qui l’avait déshérité. Les Anglais privés du soutien de la population sont lentement chassés du continent. En 1435, le traité d’Arras met fin à l’alliance anglo-bourguignonne et déséquilibre définitivement le rapport de force en faveur des Français. En 1453, les Anglais ne contrôlent plus que Calais suite à leur défaite subie à Castillon. Mais la paix n’est finalement signée qu’en 1475, sous les règnes de Louis XI et d’Édouard IV.